Page:Virgile - Énéide, traduction Guerle, 1825, livres I-VI.djvu/453

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palmes immortelles ! et tu n’oserais saisir le sceptre de l’Ausonie !

« Mais quel est, à l’écart, ce vieillard vénérable ? une branche d’olivier forme son diadème, et ses mains portent les instrumens sacrés du culte. À sa flottante chevelure, à sa barbe blanchie, je reconnais ce monarque romain, premier législateur de la ville éternelle, appelé des humbles toits de Cures et de son modeste héritage au gouvernement d’un grand peuple. Successeur de ce prince, Tullus interrompra tout à coup le long repos des nations : sa voix martiale réveillera les guerriers assoupis dans la paix, et les phalanges romaines oubliant déjà la victoire. À côté marche le fastueux Ancus, qu’enivre dès à présent la faveur populaire. Regarde ; voici les Tarquins, rois superbes, et l’âme fière de Brutus, vengeur de Rome, et les faisceaux arrachés aux tyrans. Investi le premier du pouvoir consulaire, Brutus en arbore le premier la hache inexorable. Père inflexible d’enfans rebelles, il immole ces chers coupables à la liberté sainte. Infortuné ! l’avenir peut-être blâmera tant de rigueur ; mais la nature se taira devant l’image de la patrie et le fantôme de la gloire.

« C’est peu : remarque, dans ces groupes lointains, les Décius et les Drusus. Le sévère Torquatus les accompagne, précédé du fer des licteurs ; et Camille ramène en nos camps nos drapeaux reconquis. Tu vois ces deux ombres qui resplendissent sous une armure pareille, et qu’unit maintenant la concorde en ces demeures de paix ? Hélas ! quelle