pâturages de Troie, et bu les eaux du Xanthe. Ailleurs fuit désarmé le jeune et malheureux Troïle, trop faible rival de l’indomptable Achille ! Emporté par ses chevaux, et renversé de son char où ses pieds s’embarrassent, il tient encore les rênes : sa tête échevelée heurte en bondissant la terre, et le fer de sa lance sillonne au loin l’arène. Cependant les Troyennes s’avançaient, les cheveux épars, vers le temple de Pallas irritée : tristes et suppliantes, elles portaient à la Déesse le voile précieux, tissu pour la fléchir, et se frappaient la poitrine dans leur marche plaintive. Pallas détourne un œil sévère, et repousse leur offrande. Après avoir traîné trois fois Hector autour des murs de Troie, Achille vendait au poids de l’or son cadavre défiguré. En apercevant ces dépouilles, en voyant ce char funeste, et ces froides reliques d’un ami, et Priam tendant ses mains suppliantes au vainqueur en courroux, le fils d’Anchise sent redoubler ses amers déplaisirs, et de longs sanglots s’échappent de son cœur déchiré. Il se retrouve lui-même, luttant au fort de la mêlée contre les plus vaillans des Grecs : près de lui les phalanges de l’Orient, et le noir Memnon sous sa brillante armure. À côté, les fières Amazones agitent le croissant de leurs pavois d’airain : l’audacieuse Penthésilée les guide : parée d’une écharpe d’or, et le sein découvert, elle affronte, mâle héroïne, les plus épais bataillons ; et plus d’un guerrier fameux pâlit aux coups d’une femme.
Pendant que ces merveilles captivent le généreux chef des Troyens ; pendant qu’Énée les contemple en