Page:Virgile - Énéide, traduction Guerle, 1825, livres I-VI.djvu/89

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un manteau de drap d’or que l’aiguille a brodé, un voile où serpente en bordure une acanthe à feuilles d’or ; somptueux ornemens d’Hélène, dons précieux qu’elle reçut de Léda, sa mère, et qu’elle emporta de Mycènes, lorsque, entraînée par une folle ardeur, elle vint former à Pergame les nœuds d’un coupable hyménée. Il demande surtout le sceptre, qui brillait autrefois dans la main d’Ilione, l’aînée des filles de Priam, et le collier de perles qui parait son sein, et la riche couronne où l’or se mêlait sur son front à l’éclat des pierreries. Achate, empressé d’obéir, a déjà touché les vaisseaux.

Cependant Vénus roule en sa pensée de nouveaux projets, et médite de nouvelles ruses. Elle veut que, changeant de forme, Cupidon paraisse à Carthage sous les traits de l’aimable Iule ; qu’en offrant les dons du héros, il embrase la reine d’une ardeur imprévue, et la pénètre toute entière des feux de l’amour. Vénus craint une cour suspecte, un peuple ombrageux et sans foi ; elle tremble, en songeant aux complots de Junon ; et de noirs soucis la tourmentent jusque dans l’ombre de la nuit. S’adressant donc à son fils, elle lui tient ce langage : « Mon fils, ô toi qui fais ma force et toute ma puissance ! mon cher fils, toi qui seul ris des foudres dont le maître du monde pulvérisa Typhée ! c’est à toi que j’ai recours ; une mère suppliante implore ton pouvoir. Tu sais avec quelle fureur une Déesse implacable poursuit de mers en mers et de rivage en rivage ton déplorable frère ; tu le sais ! et plus d’une fois tu mêlas tes pleurs à mes larmes. Maintenant. Didon le caresse, et l’attrait