Page:Virgile - Énéide, traduction Guerle, 1825, livres VII-XII.djvu/107

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Déjà les prêtres du dieu, conduits par Potitius même, arrivent dans l’ordre accoutumé, vêtus de peaux sauvages, et portant des torches ardentes. Le festin recommence : sur les tables renouvelées, Comus étale de nouveau ses riantes largesses ; et les bassins chargés d’offrandes vont couvrir encore les autels.

Alors, parmi les chants d’allégresse, autour des brasiers où fument les parfums, les Saliens s’approchent en cadence, la tête ceinte de peuplier. Près du chœur des vieillards est le chœur des adolescens : ils célèbrent par des hymnes les louanges et les travaux d’Hercule ; comment ses jeunes mains étouffèrent deux serpens, premiers monstres que lui suscitait sa marâtre ; comment tombèrent sous ses coups les cités puissantes et d’Ilion et d’Œchalie ; comment, soumis au joug d’Eurysthée par la haine de Junon, il sortit, plein de gloire, des mille embûches du tyran. « Héros invincible ! c’est toi qui triomphas de Pholus et d’Hylée, ces fiers Centaures, enfans des nues ; c’est toi qui domptas le taureau de la Crète, et l’énorme lion des repaires de Némée. Devant toi tremblèrent les noirs étangs du Styx ; devant toi se tut le gardien des enfers, couché dans son antre sanglant sur des ossemens décharnés. Ni les spectres du Tartare, ni l’épouvantable Typhée agitant son immense armure, ne t’inspirèrent aucun effroi. Tu vis sans pâlir, dans les marais de Lerne, l’hydre aux cent têtes dresser autour de toi cent gueules menaçantes. Salut, digne sang de Jupiter, nouvel ornement de l’Olympe ! Viens, propice à nos vœux, favoriser de ta présence la fête que nous te consacrons. »