Page:Virgile - Énéide, traduction Guerle, 1825, livres VII-XII.djvu/109

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Tels étaient leurs cantiques. À toutes ces merveilles, ils ajoutent et la caverne de Cacus, et Cacus lui-même aux abois, vomissant les feux de l’Etna. Les forêts voisines résonnent d’un bruit harmonieux, et les collines leur répondent.

Ces devoirs accomplis, la foule regagne ses remparts. Le bon monarque la suivait appesanti par l’âge, s’appuyait dans sa marche, sur son fils, sur Énée, et par d’aimables propos charmait la longueur du chemin. Le prince troyen admire ces lieux nouveaux pour lui : son œil satisfait s’y promène sur des sites enchanteurs ; tout y plaît au héros ; et dans leurs monumens épars, il aime à chercher l’histoire des premiers habitans de ces contrées. Alors Évandre, le fondateur de la puissance romaine : « Dans ces bois ont erré jadis, parmi les Faunes et les Nymphes, enfans des mêmes bocages, des mortels agrestes, aussi durs que le tronc des chênes dont ils étaient sortis. Sans police et sans arts, ils ne savaient ni féconder la glèbe, ni recueillir dans le présent, ni ménager pour l’avenir. Le gland des forêts, la chair des lions et des ours, telle était leur sauvage pâture. Enfin Saturne vint des demeures célestes, Saturne, déshérité par Jupiter du trône de l’Olympe, et fuyant les foudres d’un fils. Il rassembla ces hordes indociles, éparses au sommet des montagnes, leur donna des lois et des mœurs, et se plut à nommer Latium la plage hospitalière devenue son refuge. Ce fut, dit-on, à ce roi paternel qu’on dut le règne de l’âge d’or ; tant les peuples vivaient heureux sous son paisible