Page:Virgile - Énéide, traduction Guerle, 1825, livres VII-XII.djvu/151

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« Honneur du firmament, Iris ! quel dieu, pour moi, t’envoya des cieux sur la terre ? d’où jaillissent ces clartés soudaines ? Je vois s’ouvrir les immortelles demeures, je vois errer les astres au sein de l’empyrée. Salut, présage de victoire ! quelle que ce soit ta source ineffable, tu m’appelles aux armes, et j’y cours. » Il dit, et marche au rivage. Là ses mains, dans une eau limpide, se purifient de leurs souillures ; et sa voix, implorant les dieux, les fatigue de vœux redoublés.

Déjà s’avançait en silence toute l’armée des Latins, riche en brillans coursiers, riche en guerriers éblouissans de pourpre, de broderies et d’or. Messape commande aux premiers rangs ; les derniers obéissent aux enfans de Tyrrhée. Au centre, paraît Turnus : chef superbe, il rayonne d’éclat sous sa pompeuse armure, et domine de sa tête altière ces belliqueux essaims. Tel, grossi de vingt fleuves tributaires, le Gange fier, mais tranquille, roule avec majesté : tel poursuit son cours imposant le Nil aux ondes limoneuses, quand ses flots qui décroissent ont reflué des plaines dans son lit natal. Tout à coup les Troyens ont vu de noirs tourbillons de poussière s’amonceler, s’étendre, et couvrir les champs de ténèbres. Du haut d’une tour opposée, Caïcus donne le premier l’alarme : « Amis ! quel épais nuage roule, pareil à la sombre tempête ! Des javelots ! des dards ! Courez, volez, bordez vos murs ! C’est le Rutule ; aux armes ! » De longs cris soudain lui répondent ; les portes se ferment, et les soldats en foule garnissent les remparts. Ainsi