Page:Virgile - Énéide, traduction Guerle, 1825, livres VII-XII.djvu/171

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de l’endroit où la route se partage, nous avons observé nous-mêmes un lieu favorable aux surprises : partout s’éteignent les feux interrompus, et leur noire fumée monte seule dans les airs. Parlez : nous brusquons la fortune, nous courons chercher Énée jusqu’aux murs de Pallas ; et bientôt vous le verrez lui-même, chargé d’immenses dépouilles, après un long carnage, reparaître ici plein de gloire. Ne craignez pas qu’un chemin trompeur nous égare : vingt fois, dans nos chasses lointaines, au fond de ces obscures vallées, nous avons aperçu les abords de la ville ; vingt fois nous avons reconnu tous les détours du fleuve. »

À ces mots Alétès, dont l’âge a blanchi les cheveux et mûri la sagesse : « Dieux de ma patrie ! Dieux, dont la providence veille encore sur Pergame ! non, vous ne voulez pas que Troie périsse toute entière, puisque vous suscitez parmi ses enfans des âmes si hautes et de si mâles courages. » En s’exprimant ainsi, le vieillard ému les serrait tous deux dans ses bras, les arrosait tous deux de larmes de joie. « Quel prix, ô couple magnanime, quel prix assez noble pourrait payer tant d’héroïsme ? Votre plus belle récompense, vous la trouvez dès aujourd’hui dans l’affection des dieux et dans vos vertus mêmes. Bientôt les faveurs d’Énée viendront vous chercher à leur tour ; et charmé d’un tel dévouement, sans cesse le jeune Iule en conservera la mémoire. »

« Oui, oui, sans cesse, reprend Ascagne ; est-il pour moi d’autre salut que le retour d’un père ? Ah ! je vous en conjure par nos divins Pénates,