Page:Virgile - Énéide, traduction Guerle, 1825, livres VII-XII.djvu/173

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par les Lares d’Assaracus, par les feux éternels de la chaste Vesta ; volez, volez, pieux amis ! tout mon bonheur, tout mon espoir, je les confie à votre amour : ramenez-moi mon père, rendez moi sa présence ; avec elle vous me rendrez la vie ! Je vous promets, Nisus, deux coupes d’argent pur, ornées de figures saillantes, et d’un travail exquis : mon père les sauva du pillage dans Arisbe conquise. J’y veux joindre un double trépied, deux riches talens d’or, et ce cratère antique, ouvrage de Tyr, que Didon m’a donné. Mais si la victoire nous soumet l’Italie, et nous livre, avec le sceptre, la dépouille de ses rois : vous avez vu quel superbe coursier montait le fier Turnus, sous quelle armure d’or rayonnait son orgueil ; eh bien ! ce coursier, cette armure, et son brillant pavois, et son panache de pourpre, je ne souffrirai pas que le sort en dispose : dès à présent, Nisus, ils sont à vous. À ces dons mérités mon père ajoutera douze belles captives déjà mères, douze captifs choisis et leurs armes, et, de plus, ces gras pâturages, royal domaine de Latinus. Et toi, dont l’âge devance à peine mon printemps, respectable jeune homme ! dès ce moment tout mon cœur t’appartient ; j’embrasse en toi pour toujours le compagnon de ma fortune. Jamais Iule, sans toi, n’ira chercher la gloire ; dans la paix, dans la guerre, tu seras, je le veux, mon conseil et mon bouclier. »

Euryale, à son tour : « Nul instant de ma vie n’en démentira les prémices ; dans les succès, dans les revers, l’honneur me trouvera le même ; j’en fais