Page:Virgile - Énéide, traduction Guerle, 1825, livres VII-XII.djvu/27

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par la cruelle Mycènes, vint répandre l’horreur dans les campagnes de l’Ida ? Qui ne connaît l’issue fatale de ces sanglans discords, où dix ans l’Europe et l’Asie s’entre-choquèrent dans leurs fureurs ? Ils ont appris nos désastres, ces peuples, s’il en est, qu’enferment au bout de l’univers les glaces lointaines de l’Océan. Elles ont redit nos malheurs, ces plages, inhabitées peut-être, qu’embrase entre les doubles zones le char enflammé du soleil. Jetés, de cet affreux déluge, sur le gouffre écumant des flots, nous implorons un refuge pour nos dieux paternels, un coin de terre où reposer nos têtes, l’onde et l’air, ces biens communs à tous les hommes. Non, Laurente n’aura point à rougir de ses hôtes nouveaux. Assez de gloire peut-être suivra votre bienfait ; l’éclat du service en éternisera la mémoire, et l’Ausonie s’applaudira d’avoir accueilli Troie

J’en jure par les destins d’Énée ; j’en jure par son bras puissant, son bras fidèle dans les traités comme invincible dans les combats. Ne méprisez point ceux qui vous présentent le rameau des supplians et les prières de l’infortune. Vingt nations, vingt rois ont désiré notre alliance, ont voulu nous associer à leurs honneurs. Mais le ciel nous imposa la loi suprême de chercher vos climats. Berceau de Dardanus, ces lieux attendaient son retour. Apollon même et ses divins arrêts le ramènent, avec ses enfans, aux rives maternelles du Tibre, aux sources mystérieuses du Numique. Vous, agréez ces dons, faibles monumens d’une splendeur qui n’est plus, tristes restes, échappés