Page:Virgile - Énéide, traduction Guerle, 1825, livres VII-XII.djvu/277

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les Rutules, s’avancent réunis Céculus, noble sang de Vulcain, Umbron, sorti des montagnes des Marses. Le fils d’Anchise les dévoue l’un et l’autre à ses vengeances : son cimeterre fait voler du même coup le bras du téméraire Umbron, et l’orbe entier de son bouclier. Vainement l’infortuné compta sur ses chants magiques ; vainement, trop sûr de son art, il se promit peut-être une gloire immortelle : et cette vieillesse honorable, et ces longues années dont son espoir se berçait, il n’en jouit qu’en espérance. Fruit des amours champêtres du dieu Faune et de la nymphe Dryope, le bouillant Tarquitus, qu’enorgueillissent ses armes éblouissantes, ose se présenter devant le héros en furie. D’une javeline balancée avec force, Énée traverse à la fois la cuirasse de l’imprudent et l’épaisseur de son lourd bouclier : en même temps, sourd aux vains discours, aux vaines prières du malheureux, il fait rouler sa tête sur la poussière ; et, repoussant du pied le cadavre fumant, il exhale en ces mots sa haine qui vit encore : « Gis maintenant ici, guerrier terrible ! Jamais une tendre mère ne couvrira tes restes d’une terre pieuse, n’enfermera tes cendres dans le sépulcre de tes pères. Tu serviras de pâture aux vautours dévorans : ton corps, jeté dans l’abîme des mers, y sera le jouet des ondes ; et leurs monstres affamés se disputeront tes lambeaux. »

Il dit, et se précipite sur Antée, sur Lycas, qui combattaient aux premiers rangs ; il poursuit et le brave Numas, et le blond Camertès, noble fils du