Page:Virgile - Énéide, traduction Guerle, 1825, livres VII-XII.djvu/339

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deux célèbres par d’éclatans exploits, Énée l’emportait encore en respect pour les dieux. Renouvelez, s’il est possible, les nœuds qui vous unirent ; mais que vos armes, surtout, craignent d’affronter ses armes.

Vous venez d’entendre, ô le plus sage des rois, et la réponse de Diomède, et ce qu’il pense de ces grands démêlés. »

Ainsi parla Vénulus. Le sénat ému se divise, le tumulte et le trouble agitent l’assemblée. Telle, quand des rocs entravent les rapides torrens, l’onde obstruée mugit dans ses gouffres profonds, et les rives prochaines retentissent du bruit des vagues frémissantes. Mais les esprits enfin se calment, et ces bruyans murmures ont fait place au silence. Le monarque invoque alors les dieux ; puis, du haut de son trône, il s’exprime en ces termes :

« C’était surtout avant la guerre, ô Latins, qu’il convenait de peser les intérêts de l’état : ce parti du moins m’eût souri davantage, et la prudence le conseillait peut-être : il est bien tard de délibérer, quand l’ennemi touche à nos portes. Citoyens, nous luttons sous de funestes auspices contre un peuple issu des dieux ; contre des mortels invincibles que nuls combats ne lassent, à qui la défaite même ne peut arracher les armes. Si vous vous êtes flattés que l’Étolie, vaincue par mes prières, volerait à votre secours, abjurez cette espérance : plus d’espoir pour nous qu’en nous-mêmes. Mais qu’elles sont faibles, nos ressources ! vous le voyez, hélas ! Ce deuil universel et ces ruines immenses,