Page:Virgile - Énéide, traduction Guerle, 1825, livres VII-XII.djvu/361

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d’où le guerrier peut à son choix ou surprendre l’ennemi par un choc imprévu, ou l’écraser du haut des rocs sous leurs débris roulans. C’est là que Turnus va se rendre par des routes secrètes, dont les détours lui sont connus ; instruit de la nature des lieux, il en saisit l’avantage, et veille caché sous leurs abris perfides.

Cependant la fille de Latone s’entretenait dans les demeures célestes avec la jeune Opis, l’une des Nymphes de sa cour, et l’ornement de sa troupe sacrée. Triste et plaintive, la déesse exprimait ainsi ses regrets : « Camille, chaste Opis, marche à des combats funestes ; et c’est en vain qu’elle est armée de mes traits homicides. Hélas ! nulle, parmi les mortelles, n’est plus chère à Diane. Mais ce n’est pas de ce jour qu’elle a captivé ma tendresse et touché mon cœur d’un intérêt si tendre. Jadis chassé de ses états, proscrit par ses sujets rebelles, qu’indignait son joug tyrannique, Métabus abandonna les murs de l’antique Priverne, et s’enfuit à travers mille glaives levés sur sa tête : il s’enfuit, emportant Camille au berceau ; Camille, innocente compagne de l’exil paternel, et dont le nom retrace celui de Casmilla, sa mère. Chargé d’un poids si doux, il allait gravissant les roches inaccessibles, franchissant les bois solitaires ; et les traits meurtriers sifflaient sans cesse autour de lui ; et le courroux des Volsques murmurant sur ses pas l’épouvantait sans cesse. Tout à coup, dans sa fuite, il touche aux bords de l’Amasène, dont les flots débordés battaient la rive écumante : tant les eaux des orages avaient grossi son cours. Prêt à s’élancer à la nage, il