Page:Virgile - Énéide, traduction Guerle, 1825, livres VII-XII.djvu/369

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l’impétuosité du roc lancé par la baliste, Acontée va tomber au loin tout sanglant : son dernier soupir s’est exhalé dans les airs. La frayeur saisit ses soldats : les Latins tournent le dos ; et, l’épaule abritée de leur léger pavois, ils poussent vers les remparts leurs agiles coursiers. Le Troyen les poursuit, et l’ardent Asylas fond sur leur troupe éperdue. Déjà l’on approchait des portes ; quand de nouveau les Latins jettent un cri terrible, et ramènent au combat leurs escadrons épars. Les Troyens reculent à leur tour, et, d’un rapide essor, disparaissent devant les vainqueurs. Telle, en son double mouvement, se balance la mer incertaine : tantôt inondant la plage, elle couvre les rochers de ses flots écumans, et se déploie en lames sinueuses sur les sables lointains ; tantôt revenant tout à coup sur elle-même, et ramenant les débris que son flux apporta, elle fuit, et déserte, en retombant, ses rivages. Deux fois, pressés par les Toscans, les Rutules en désordre se sont repliés sous leurs murs : deux fois, chassés par les Rutules, les Toscans fugitifs se sont dispersés dans la plaine. Mais un troisième choc mêle enfin tous les rangs, et le guerrier s’attache au guerrier qui le brave : alors on n’entend plus que les cris des mourans ; le sang coule à longs flots ; la terre est jonchée d’armes et de cadavres ; les coursiers roulent expirans sur leurs maîtres sans vie : le carnage devient affreux.

Orsiloque, n’osant attaquer le puissant Rémulus, darde à son coursier un bruyant javelot : le fer pénètre au-dessous de l’oreille, et reste enfoncé dans la