Page:Virgile - Énéide, traduction Guerle, 1825, livres VII-XII.djvu/393

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en désordre : le bouillant Atinas fuit lui-même à son tour : chefs et soldats, dispersés, éperdus, cherchent des lieux plus sûrs, et, tournant le dos, poussent vers les remparts leurs rapides coursiers. Poursuivis par les Troyens, dont le fer leur porte la mort, aucun n’ose opposer le glaive, ni soutenir leur furie : les arcs détendus chargent en vain leurs timides épaules, et les champs poudreux retentissent sous les pas bruyans des coursiers. Avec eux roule vers les murs un noir tourbillon de poussière ; et, du haut des tours, les femmes éplorées, se frappant la poitrine, poussent vers le ciel des clameurs lamentables. En vain les plus prompts à fuir se sont précipités vers les portes ouvertes ; les vainqueurs s’y précipitent en même temps, mêlés avec les vaincus : là même, une mort misérable atteint encore les fuyards ; sur le seuil paternel, dans les murs qui les ont vus naître, et sous l’abri même de leurs toits domestiques, ils tombent percés de la lance ennemie. D’autres ferment les portes, en refusent l’entrée à leurs concitoyens, et, sourds à leurs prières, n’osent les recevoir dans les murs. Alors commence un horrible carnage et de ceux qui, le fer à la main, défendent le seuil impitoyable, et de ceux qui se jettent en tumulte sur le fer meurtrier. Parmi les malheureux exclus de l’enceinte désirée, les uns, sous les yeux mêmes de leurs parens en larmes, roulent, entraînés par le flot qui les pousse, dans les tranchées profondes : les autres, aveuglés par le désespoir, et s’abandonnant à la fougue de leurs coursiers