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L’ÉNÉIDE, LIV. XII.

escadrons étrusques, reconnaissables à leurs armures diverses : tous marchent étincelans de fer, comme si le dieu des batailles les appelait à ses luttes sanglantes. À la tête de ces nombreuses cohortes, on voit voler de rangs en rangs les chefs des deux armées, brillans d’or et de pourpre : c’est Mnesthée, généreux sang d’Assaracus ; c’est le vaillant Asylas ; c’est Messape, ce dompteur des coursiers ; Messape, dont Neptune est le père. Au signe de la trompette, un vaste espace a séparé les deux camps : les guerriers immobiles enfoncent dans la terre leurs longues javelines, et déposent leurs boucliers. Alors, pour voir ce grand spectacle, de tous côtés se précipitent et les mères tremblantes, et la foule inhabile aux armes, et les vieillards courbés sous le poids des ans : ils inondent les créneaux des tours, ils assiègent le sommet des toits ; et, debout sur les portes, ils en hérissent au loin le faîte.

Mais, de ce mont qu’Albe illustra depuis, de ces hauteurs jadis sans nom, sans honneur et sans gloire, la reine des dieux, portant ses regards sur la plaine, contemplait le champ de bataille, et les deux armées rivales, et les remparts de Latinus. Tout à coup la déesse aborde la sœur de Turnus, cette Nymphe qui préside aux étangs paisibles, aux fleuves retentissans, et que le maître de l’Olympe dota de cet empire honorable pour prix des faveurs qu’il en avait reçues : « Nymphe, ornement des fleuves, et chère à ma tendresse ! tu le sais, de toutes les filles du Latium que Jupiter fit monter dans sa couche parjure, nulle moins que toi n’éprouva mon courroux ; et je me