Page:Virgile - Énéide, traduction Guerle, 1825, livres VII-XII.djvu/427

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lui son coursier. Le malheureux prince chancelle en reculant, et tombe à la renverse, embarrassé parmi les autels dont sa tête heurta les débris. Messape accourt, l’œil ardent, la lance en arrêt : vainement le vieux roi supplie ; le vainqueur, du haut de son coursier, lui plonge dans la gorge sa longue javeline et s’écrie triomphant : « Qu’il meure ; cette victime plus noble est plus digne des Immortels. » La foule des Latins arrive et dépouille le cadavre encore palpitant.

Ailleurs, Corynée s’arme d’un tison ardent enlevé sur l’autel ; et prévenant Ébuse, qui s’avançait pour le percer, il lui lance au visage le brandon allumé : la longue barbe du Rutule pétille sous la flamme brillante, et l’odeur qui s’en exhale se répand au loin dans les airs. Le Troyen fond à l’instant sur son ennemi troublé, saisit de la main gauche sa blonde chevelure, et, le pressant d’un genou robuste, le tient appliqué sur l’arène : alors se lève le fer impitoyable ; Ébuse le reçoit dans ses flancs. Tandis qu’Alsus, pâtre guerrier, se précipite aux premiers rangs à travers mille traits, Podalire se glisse derrière lui, et, le glaive en main, épie l’instant de le frapper. Tout à coup Alsus se retourne, et, de sa hache qui tombe à plomb, lui partage la tête en deux moitiés égales : la cervelle au loin jaillissante inonde les armes du vaincu. Un affreux repos, un sommeil de fer s’appesantissent sur ses yeux ; et ses paupières se couvrent d’une nuit éternelle.

Cependant le pieux fils d’Anchise tendait ses bras désarmés ; et, le front découvert, il rappelait à grands