Page:Virgile - Énéide, traduction Guerle, 1825, livres VII-XII.djvu/439

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plaie, le sang a cessé d’en jaillir ; le trait suit doucement la main qui l’attire sans effort, il tombe ; et le fils de Vénus a senti tout à coup renaître sa première vigueur. « Des armes au héros ! des armes ! courez, volez, Troyens : qu’attendez-vous ? » Tel est le cri du docte vieillard ; et lui-même anime le courage d’Énée aux généreux exploits : « Non, ce n’est pas un pouvoir humain, ce n’est pas l’art d’un mortel qui vient d’opérer ce prodige ; ton salut, prince magnanime, part d’une autre main que la mienne : un dieu plus puissant a tout fait, et c’est lui qui t’appelle à de plus grands destins. »

Déjà, brûlant de vaincre, le héros a repris ses cuissards où l’or étincelle : il s’indigne d’un repos contraire à son courroux, et fait briller les éclairs de sa lance. Bientôt il a chargé son bras de son lourd bouclier ; bientôt l’airain de sa cuirasse a revêtu ses flancs. Ainsi fier et terrible, il presse tendrement Ascagne dans ses bras tout armés, lui donne au travers de son casque un baiser paternel ; puis, d’une voix noble et touchante : « Apprends de moi, mon fils, la science des vertus et la constance dans les revers : d’autres pourront t’offrir l’exemple du bonheur. Aujourd’hui ma valeur combat pour protéger tes jours : heureux de préparer l’empire à tes jeunes années ! toi, quand le temps bientôt aura mûri ton âge, souviens-toi des travaux d’un père : songe à la gloire de tes aïeux ; qu’elle enflamme ton ardeur ; et qu’on admire dans Iule le digne fils d’Énée, le digne neveu d’Hector. »

Il dit ; les portes s’ouvrent, et, pareil au dieu des