Page:Virgile - Énéide, traduction Guerle, 1825, livres VII-XII.djvu/451

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À l’exemple des chefs, les deux armées s’ébranlent de toutes parts ; et Latins et Troyens, tout vole à de nouveaux périls. Mnesthée, l’ardent Séreste, le brave Asylas, et Messape le dompteur de coursiers, et les phalanges étrusques, et les escadrons d’Évandre, tous animés d’une ardeur martiale, rivalisent à l’envi de force et de courage : plus de trêve, plus de repos : les vastes plaines retentissent du choc affreux des bataillons.

Tout à coup la mère du héros troyen, l’immortelle Vénus, vient inspirer son fils : elle veut qu’Énée marche à l’instant aux remparts de Laurente, qu’il y marche suivi de ses bouillantes cohortes, et qu’un assaut inattendu fasse trembler les Latins pour leurs propres foyers. Tandis que le héros, cherchant Turnus à travers la mêlée, promène un œil impatient sur le théâtre des combats, il aperçoit la ville de Latinus, exempte des horreurs de la guerre, et seule impunément tranquille. Aussitôt l’image d’un plus noble triomphe enflamme son grand cœur. Il appelle Mnesthée, il appelle Sergeste et Séreste, vaillans chefs de ses soldats : en même temps il monte sur une éminence ; autour de lui se pressent ses nombreuses légions, hérissées dans leur repos même de lances et de boucliers : là, debout, et dominant, du tertre élevé qu’il occupe, les rangs serrés qui l’environnent. « Que mes ordres, dit-il, s’exécutent sans délai ; Jupiter est pour nous, et la hardiesse de l’entreprise doit plaire à votre audace. Vous voyez ces murs, la source de nos discordes, et cet empire, l’orgueil de Latinus : si le vaincu, rebelle au joug,