Page:Virgile - Énéide, traduction Guerle, 1825, livres VII-XII.djvu/57

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Vénus et l’heureux père de Lavinie ! Toi, crains d’affronter plus long-temps les barrières de l’empyrée ; ce dieu suprême, sous qui s’abaissent les hauteurs de l’Olympe, pourrait punir ton audace. Quitte les airs : Junon, s’il reste à vaincre d’autres obstacles, se charge d’en triompher. » À ces paroles de la déesse, la Furie secoue les serpens qui sifflent sous ses ailes, et, rabattant son vol vers les bords du Cocyte, abandonne l’espace éthéré.

Au sein de l’Italie, entre des monts sourcilleux, il est un lieu célèbre, et dont la renommée a rempli l’univers : c’est la vallée d’Amsancte. D’immenses forêts épaississent autour de ses flancs leurs ténébreux ombrages. Au milieu roule avec fracas un torrent écumeux, dont les ondes s’engouffrent, en tournoyant, sous des roches mugissantes. À côté s’ouvre un antre horrible, soupirail du redoutable Érèbe ; abîme sans fond, d’où les enfers béans exhalent les vapeurs de la mort. Là, se replongeant au Tartare, l’odieuse Érinnys délivre enfin de sa présence et la terre et les cieux.

Cependant la fille de Saturne poursuit le cours de ses complots. Du champ de bataille refluée dans Laurente, la foule des pasteurs y rapporte le corps sans vie du jeune Almon, et les restes défigurés de l’infortuné Galésus. Tous implorent les dieux, tous invoquent Latinus. Turnus arrive, et ses fureurs ont redoublé l’effroi. Sur ces cadavres sanglans, il jure de tout réduire en cendres. « Les voilà, ces Troyens qu’on appelle au trône ! Ces lâches Phrygiens, on aspire à leur alliance ; et