Page:Virgile - Énéide, traduction Guerle, 1825, livres VII-XII.djvu/67

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sert de casque et de cimier. Tel il aborde la demeure des rois, fier de sa pompe horrible, et couvert du vêtement d’Hercule.

Ensuite arrivent deux illustres jumeaux, partis des remparts de Tibur, ouvrage de Tiburte, leur frère : c’est Catillus et le bouillant Coras, couple intrépide, élevé dans Argos. Les premiers au fort du péril, ils percent sans pâlir des forêts de dards ennemis. Ainsi quand deux Centaures, enfans des nues, descendent tout à coup du sommet neigeux des montagnes, et laissent dans leur course rapide les hauteurs d’Homole et les frimas d’Othrys ; le bois épais s’ouvre à grand bruit sous l’effort de leur choc ; et les pins, cédant autour d’eux, crient et se rompent avec fracas.

On voit aussi paraître le fondateur de Préneste, Céculus, dont Vulcain fut le père. Roi né parmi les pâtres, un foyer fut son berceau, si l’on en croit les vieux âges. Sous ses drapeaux sont rassemblés, foule agreste et nombreuse, ceux qui cultivent les coteaux de Préneste, et les plaines de Gabie consacrées à Junon ; ceux qui fréquentent et les bords frais de l’Anio, et les rochers Herniques, entrecoupés de sources jaillissantes ; ceux enfin que nourrissent tes campagnes, opulente Anagnie, et que tes flots purs désaltèrent, ô limpide Amasène ! ils n’ont pas tous les mêmes armes ; ils n’ont pas tous de riches pavois, des chars retentissans. La plupart, balançant la fronde, font voler un plomb meurtrier ; deux traits aigus chargent la main des autres, et la peau d’un loup couvre leur tête d’un bonnet sauvage.