Page:Virgile - Énéide, traduction Guerle, 1825, livres VII-XII.djvu/73

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fils eut au loin rangé sous ses lois la contrée des Sarrastes, et les pays où le Sarnus promène ses eaux vagabondes, les laborieux enfans et de Batule et de Rufra, le territoire de Célène, et les riches vergers que dominent les remparts d’Abelle. À l’instar des Teutons, ses soldats lancent de pesans javelots. Sur leur front s’arrondit en casque l’écorce détachée du liège. Un croissant d’airain brille sur leur bouclier ; à leur côté brille un cimeterre d’airain.

Tu vins aussi des hauteurs de Nersa partager ces luttes sanglantes, brave Ufens, fameux par tes exploits et par le bonheur de tes armes. C’est toi qui commandes à l’indomptable Équicole, chasseur infatigable, et dur colon d’un sol avare. Il manie le soc sans quitter la lance, ne se plaît qu’au pillage, et, courbé sous sa proie, brûle de piller encore.

Quel est ce guerrier-pontife, arrivé des champs de Marruve, et dont le casque est ceint du paisible olivier ? Je reconnais le valeureux Umbron, l’appui d’Archippe, son roi. Invulnérable à la dent des vipères, au souffle empesté des dragons, il savait les endormir par ses chants magiques et ses charmes puissans ; il savait, à son gré, adoucir leur colère et guérir leurs morsures. Mais son art fut sans vertu contre le coup du dard troyen : ni les paroles assoupissantes, ni les herbes cueillies sur les montagnes des Marses, ne purent soulager sa blessure. Pieux Umbron ! c’est toi qu’ont tant pleuré les nymphes d’Angitie, toi que pleure encore le Fucin aux ondes cristallines, toi que nos lacs en deuil pleurent encore.

À son port, à ses traits, on distinguait ailleurs