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Page:Virgile - Énéide, traduction Guerle, 1825, livres VII-XII.djvu/77

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majestueuse. Surmonté d’un triple panache, son casque, au cimier superbe, arbore la Chimère, dont la gueule béante vomit, pareille à l’Etna, des tourbillons de feu : plus le carnage redouble l’horreur de la mêlée, plus le monstre accroît ses fureurs, et lance d’épouvantables flammes. Sur son bouclier d’or, magnifique emblème d’une illustre origine, Io respire, étonnée de ses cornes naissantes, déjà marquée de ses poils jaunissans, déjà mugissante génisse : près d’elle, veille Argus aux cent yeux ; et penché sur son urne, Inachus grossit de ses larmes les trésors de son onde. À la suite de Turnus marchent, semblables à d’épaisses nuées, ses innombrables bataillons : la plaine immense disparaît sous les rangs de fer qui la couvrent. Là s’avancent les mâles rejetons d’Argos, et la fleur des Ausoniens, et l’audacieux Ardéate, et les vieux Sicaniens. Ici frémissent les cohortes Sacranes, et les hordes Labiques, aux pavois ornés de peintures. Ailleurs se montrent ceux dont le soc fertilise tes rivages, dieu du Tibre, et tes bords sacrés, ô Numique ! ceux encore dont la charrue sillonne les collines des Rutules et les monts de Circé. Plus loin sont les robustes pasteurs des champs d’Anxur où Jupiter préside, et ceux des rians paysages où se plaît Féronie. Là se pressent, enfin, et les tribus voisines des noirs marais de Satura, et l’hôte des vallées profondes, d’où le fangeux Ufens, après de longs détours, se précipite au sein des mers.

À tant de rois se joint la reine des Volsques, la