Page:Virgile - Énéide, traduction Guerle, 1825, livres VII-XII.djvu/79

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fière Camille, guidant elle-même, intrépide Amazone, ses rapides escadrons, resplendissans d’airain. On ne la vit point, jeune encore, accoutumer ses mains délicates aux fuseaux de son sexe, à l’aiguille de Minerve. Mais, précoce héroïne, elle apprit à supporter les fatigues de Mars, à devancer les vents dans sa course légère. Elle eût, rasant l’or des moissons, volé sur leur cime ondoyante, sans courber sous ses pas les fragiles épis : elle eût, glissant sur les flots diaphanes, franchi l’humide azur des eaux, sans marquer de ses pieds agiles la surface des ondes. Les peuples, pour fêter son passage, se précipitent en foule des hameaux et des villes : la jeunesse et les mères l’admirent à l’envi : tous les regards la suivent dans sa marche imposante, et l’œil charmé s’étonne en la trouvant si belle. Tant la pourpre flotte avec dignité sur ses épaules d’albâtre ! tant le nœud d’or qui retient ses-cheveux captifs les relève avec grâce ! tant siéent à son audace le carquois lycien, et le myrte champêtre, armé du fer des combats !