Page:Virgile - Géorgiques, traduction Desportes, 1846, 1.djvu/28

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l’attelage. Que ces bois soient suspendus à ton foyer et qu’ils s’y durcissent à la fumée avant d’être mis en œuvre.

Je puis te rappeler encore plusieurs pratiques recommandées par les anciens, si tu ne t’ennuies pas à ces leçons et si tu ne dédaignes pas d’entrer avec moi dans ce menu détail de soins champêtres.

Un des premiers est d’aplanir sous un pesant cylindre l’aire où tu dois battre ton blé ; d’en pétrir la terre avec les mains, et d’en faire un massif solide avec un ciment tenace, de peur que l’herbe n’y perce ou qu’il ne s’y forme des crevasses par la force de la sécheresse. Alors que d’ennemis malfaisants se joueraient de toi ! Souvent une méchante petite souris pratique son trou sous ton aire et y établit ses magasins, ou bien c’est la taupe aveugle qui y creuse sa demeure souterraine Le crapaud et tous ces monstres obscurs que la terre enfante s’y ménagent des retraites, et d’énormes monceaux de blé sont dévorés par le charançon, ou dévastés par la fourmi, qui craint pour ses vieux jours la famine et l’indigence.

Observe l’amandier dans les forêts, quand il commence à se couvrir de fleurs et que ses rameaux odorants penchent vers la terre. S’il abonde en fruits, l’été venu, de grandes chaleurs mûriront d’abondantes moissons ; mais si l’arbre n’étale que le luxe stérile d’un feuillage épais, le fléau ne battra sur ton aire qu’une vaine moisson de paille.