Page:Virgile - Géorgiques, traduction Desportes, 1846, 2.djvu/42

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nombreux rameaux étendus au loin, de bras vigoureux jetés çà et là, il épanche à l’entour son ombre immense.

Que tes vignes ne soient pas exposées au soleil couchant ; garde-toi aussi de recevoir le coudrier entre tes ceps ; enfin ne choisis, pour tes provins, ni les sommités des tiges, ni les branches supérieures ; celles du bas, plus près de la terre, l’aiment davantage et réussissent mieux. N’offense point leurs fibres délicates avec un fer émoussé, et surtout n’admets pas dans leurs intervalles l’olivier sauvage. Souvent une étincelle, tombée de la main imprudente des bergers, se glisse en secret sous l’écorce huileuse, s’empare du tronc, et, s’élançant jusqu’aux plus hauts feuillages, éclate dans les airs par un immense pétillement. Bientôt le feu vainqueur court de branche en branche, atteint le sommet de l’arbre, enveloppe de ses flammes triomphantes le bois tout entier, et lance vers le ciel les noirs tourbillons d’une épaisse fumée, surtout quand le vent s’abat d’en haut sur la forêt et pousse devant lui les flots amoncelés de l’incendie. Dès lors n’espère plus que tes vignes renaissent de leur souche, ni que le tranchant du fer les ravive, ni qu’elles reverdissent comme