Page:Virgile - Georgiques Delille 1819.djvu/127

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Ces champs ont vu fleurir cent peuples redoutables,
Les Sabins belliqueux, les Marses indomptables,
Et ces Liguriens qu’indigne le repos,
Et ces Volsques, armés d’énormes javelots.
Ces champs ont enfanté les Dèces, les Emiles,
Les braves Scipions, les généreux Camilles ;
Toi surtout, toi César, qui sur des bords lointains
Soumets l’Inde tremblante à l’aigle des Romains.
Terre féconde en fruits, en conquérants fertile,
Salut ! Je chante un art à ta grandeur utile ;
Du Permesse pour toi les canaux sont rouverts,
Hésiode aux Romains va parler dans mes vers.
Maintenant des terrains distinguent la nature,
Leur force et leur couleur, leurs fruits et leur culture.
D’abord le sol pierreux de ces arides monts,
D’argile entremêlés, hérissés de buissons,
De l’arbre de Pallas aime l’utile ombrage :
En veux-tu des garants ? Vois l’olivier sauvage
Sur ces coteaux chéris croître de toutes parts,
Et sur la terre au loin semer ses fruits épars.
Mais ces terrains féconds que la nature engraisse,
Qui regorgent de sucs, où croît une herbe épaisse,
Tels qu’au pied de ces rocs s’étend ce beau vallon,
Où l’eau des monts voisins porte un riche limon,
Si des feux du midi le soleil les éclaire,
S’ils présentent au soc l’importune fougère,
Ils te prodigueront des vins délicieux.
Ces vins brillant dans l’or, et versés pour les dieux,