Page:Virgile - Georgiques Delille 1819.djvu/205

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Elle-même rassemble et conduit son troupeau ;
Et, le sein tout gonflé des tributs qu’elle apporte,
Du bercail avec peine elle franchit la porte.
Soigne-la donc au moins durant les froids hivers,
Et tiens sa maison chaude et tes greniers ouverts.
Mais le printemps renaît, et le zéphyr t’appelle :
Viens, conduis tes troupeaux sur la mousse nouvelle :
Sors sitôt que l’aurore a rougi l’horizon,
Quand de légers frimas blanchissent le gazon,
Lorsque, brillant encor sur la tendre verdure,
Une fraîche rosée invite à la pâture.
Mais quatre heures après, quand déjà de ses chants
La cigale enrouée importune les champs,
Que ton peuple, conduit à la source prochaine,
Boive l’eau qui s’enfuit dans des canaux de chêne.
À midi, va chercher ces bois noirs et profonds
Dont l’ombre au loin descend dans les sombres vallons.
Le soir, que ton troupeau s’abreuve et paisse encore.
Le soir rend à nos prés la fraîcheur de l’aurore ;
Tout semble ranimé, gazons, zéphyrs, oiseaux :
Rossignols dans les bois, alcyons sur les eaux.
Selon les lieux pourtant ces lois sont différentes :
Vois les bergers d’Afrique et leurs courses errantes ;
Là, leurs troupeaux épars, ainsi que leurs foyers,
Et paissant au hasard durant des mois entiers,
Soit que le jour renaisse ou que la nuit commence,
S’égarent lentement dans un désert immense :
Leurs dieux, leur chien, leur arc, leurs pénates roulants
Tout voyage avec eux sur ces sables brûlants.
Telle de nos Romains une troupe vaillante