Page:Virgile - Georgiques Delille 1819.djvu/249

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Enfin je vais chanter le peuple industrieux
Qui recueille le miel, ce doux présent des cieux.
Mécène, daigne encor sourire à mes abeilles.
Dans ces petits objets que de grandes merveilles !
Viens ; je vais célébrer leur police, leurs lois,
Et les travaux du peuple, et la valeur des rois ;
Et si le Dieu des vers veut me servir de maître,
Moins le sujet est grand, plus ma gloire va l’être.
D’abord, de tes essaims établis le palais
En un lieu dont le vent ne trouble point la paix :
Le vent, à leur retour, ferait plier leurs ailes,
Tremblantes sous le poids de leurs moissons nouvelles.
Que jamais auprès d’eux le chevreau bondissant
Ne vienne folâtrer sur le gazon naissant,
Ne détache des fleurs ces gouttes de rosée
Qui tremblent, le matin, sur la feuille arrosée.
Loin d’eux le vert lézard, les guêpiers ennemis,
Progné sanglante encor du meurtre de son fils ;
Tout ce peuple d’oiseaux, avide de pillage,
Ils exercent partout un affreux brigandage,
Et saisissant l’abeille errante sur le thym,
En font à leurs enfants un barbare festin.
Je veux près des essaims une source d’eau claire,
Des étangs couronnés d’une mousse légère ;
Je veux un doux ruisseau fuyant sous le gazon,