Page:Virgile - Georgiques Delille 1819.djvu/251

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Et qu’un palmier épais protège leur maison.
Ainsi, lorsqu’au printemps, développant ses ailes,
Le nouveau roi conduit ses peuplades nouvelles,
Cette onde les invite à respirer le frais,
Cet arbre les reçoit sous son feuillage épais.
Là, soit que l’eau serpente, ou soit qu’elle repose,
Des cailloux de ses bords, des arbres qu’elle arrose,
Tu formeras des ponts, où les essaims nouveaux,
Dispersés par les vents ou plongés dans les eaux,
Rassemblent au soleil leurs bataillons timides,
Et raniment l’émail de leurs ailes humides.
Près de là que le thym, leur aliment chéri,
Le muguet parfumé, le serpolet fleuri,
S’élèvent en bouquets, s’étendent en bordure,
Et que la violette y boive une onde pure.
Leurs toits, formés d’écorce ou tissus d’arbrisseaux,
Pour garantir de l’air le fruit de leurs travaux,
N’auront dans leur contour qu’une étroite ouverture.
Ainsi que la chaleur, le miel craint la froidure ;
Il se fond dans l’été, se durcit dans l’hiver :
Aussi, dès qu’une fente ouvre un passage à l’air,
À réparer la brèche un peuple entier conspire ;
Il la remplit de fleurs, il la garnit de cire,
Et conserve en dépôt, pour ces sages emplois,
Un suc plus onctueux que la gomme des bois.
Souvent même on les voit s’établir sous la terre,
Habiter de vieux troncs, se loger dans la pierre.
Joins ton art à leurs soins ; que leurs toits entr’ouverts
Soient cimentés d’argile, et de feuilles couverts.
De tout ce qui leur nuit garantis leur hospice :
Loin de là sur le feu fais rougir l’écrevisse ;
Défends à l’if impur d’ombrager leur maison ;
Crains les profondes eaux, crains l’odeur du limon,