Page:Virgile - Georgiques Delille 1819.djvu/271

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Qu’épanche un ciel brûlant sur les plaines poudreuses ;
Ou que ces traits, dans l’air élancés à la fois,
Quand les Parthes guerriers épuisent leurs carquois.
Muses, révélez-nous l’auteur de ces merveilles.
Possesseur autrefois de nombreuses abeilles,
Aristée avait vu ce peuple infortuné
Par la contagion, par la faim moissonné :
Aussitôt, des beaux lieux que le Pénée arrose,
Vers la source sacrée où le fleuve repose
Il arrive ; il s’arrête, et, tout baigné de pleurs,
À sa mère, en ces mots, exhale ses douleurs :
« Déesse de ces eaux, ô Cyrène ! ô ma mère !
Si je puis me vanter qu’Apollon est mon père,
Hélas ! du sang des dieux n’as-tu formé ton fils
Que pour l’abandonner aux destins ennemis ?
Ma mère, qu’as-tu fait de cet amour si tendre ?
Où sont donc ces honneurs où je devais prétendre ?
Hélas ! Parmi les dieux j’espérais des autels,
Et je languis sans gloire au milieu des mortels !
Ce prix de tant de soins qui charmait ma misère,
Mes essaims ne sont plus, et vous êtes ma mère !
Achevez ; de vos mains ravagez ces coteaux,
Embrasez mes moissons, immolez mes troupeaux ;
Dans ces jeunes forêts allez porter la flamme,
Puisque l’honneur d’un fils ne touche point votre âme. »
Cyrène entend sa voix au fond de son séjour :
Près d’elle, en ce moment, les nymphes de sa cour
Filaient d’un doigt léger des laines verdoyantes ;
Leurs beaux cheveux tombaient en tresses ondoyantes.
Là sont la jeune Opis aux yeux pleins de douceur,
Et Clio toujours fière, et Béroé sa sœur :
Toutes deux se vantant d’une illustre origine,
Etalant toutes deux l’or, la pourpre et l’hermine ;
Et la brune Nésée, et la blonde Phyllis,
Thalie au teint de rose, Éphyre au teint de lis ;
Près d’elle Cymodoce, à la taille légère,
Cydippe vierge encor, Lycoris déjà mère ;