Là tu le surprendras dans les bras du repos.
Mais à peine on l’attaque, il fuit, il prend la forme
D’un tigre furieux, d’un sanglier énorme ;
Serpent, il s’entrelace ; et lion, il rugit ;
C’est un feu qui pétille, un torrent qui mugit.
Mais plus il t’éblouit par mille formes vaines,
Plus il faut resserrer l’étreinte de ses chaînes,
Redoubler tes assauts, épuiser ses secrets,
Et forcer ton captif à reprendre ses traits. »
Sur son fils, à ces mots, sa main officieuse
Répand d’un doux parfum l’essence précieuse :
Cette pure ambroisie embaume ses cheveux,
Rend son corps plus agile et ses bras plus nerveux.
Au sein des vastes mers s’avance un mont sauvage
Où le flot mugissant, brisé par le rivage,
Se divise, et s’enfonce en un profond bassin,
Qui reçoit les nochers dans son paisible sein.
Là, dans un antre obscur se retirait Protée :
Cyrène le prévient, y conduit Aristée,
Le place loin du jour dans l’ombre de ces lieux,
Se couvre d’un nuage, et se dérobe aux yeux.
Déjà le chien brûlant dont l’Inde est dévorée
Vomissait tous ses feux sur la plaine altérée ;
Déjà l’ardent midi, desséchant les ruisseaux,
Jusqu’au fond de leur lit avait pompé leurs eaux :
Pour respirer le frais dans sa grotte profonde,
Protée en ce moment quittait le sein de l’onde ;
Il marche ; près de lui le peuple entier des mers
Bondit, et fait au loin jaillir les flots amers :
Tous ces monstres épars s’endorment sur la rive.
Alors, tel qu’un berger, quand la nuit sombre arrive,
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