Page:Virgile - Georgiques Delille 1819.djvu/287

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Pour la neuvième fois quand l’aurore parut,
Au malheureux Orphée il offrit son tribut,
Et rentra plein d’espoir dans la forêt profonde.
Ô prodige ! Le sang, par sa chaleur féconde,
Dans le flanc des taureaux forme un nombreux essaim ;
Des peuples bourdonnants s’échappent de leur sein,
Comme un nuage épais dans les airs se répandent,
Et sur l’arbre voisin en grappes se suspendent.
Ma muse ainsi chantait les rustiques travaux,
Les vignes, les essaims, les moissons, les troupeaux,
Lorsque César, l’amour et l’effroi de la terre,
Faisait trembler l’Euphrate au bruit de son tonnerre,
Rendait son joug aimable à l’univers dompté,
Et marchait à grands pas vers l’immortalité.
Et moi je jouissais d’une retraite obscure ;
Je m’essayais dans Naples à peindre la nature,
Moi qui, dans ma jeunesse, à l’ombre des vergers,
Célébrais les amours et les jeux des bergers.