Je chante les moissons : je dirai sous quel signe
Il faut ouvrir la terre et marier la vigne ;
Les soins industrieux que l’on doit aux troupeaux ;
Et l’abeille économe, et ses sages travaux.
Astres qui, poursuivant votre course ordonnée,
Conduisez dans les cieux la marche de l’année ;
Protecteur des raisins, déesse des moissons,
Si l’homme encor sauvage, instruit par vos leçons,
Quitta le gland des bois pour les gerbes fécondes,
Et d’un nectar vermeil rougit les froides ondes ;
Divinités des prés, des champs et des forêts,
Faunes aux pieds légers, vous, nymphes des guérets,
Faunes, nymphes, venez ; c’est pour vous que je chante.
Et toi, dieu du trident, qui de ta main puissante
De la terre frappas le sein obéissant,
Et soudain fis bondir un coursier frémissant ;
Pallas, dont l’olivier enrichit nos rivages ;
Vous, jeune dieu de Cée, ami des verts bocages,
Pour qui trois cents taureaux, éclatants de blancheur,
Paissent l’herbe nouvelle et l’aubépine en fleur ;
Pan, qui, sur le Lycée ou le riant Ménale,
Animes sous tes doigts la flûte pastorale ;
Vieillard, qui dans ta main tiens un jeune cyprès ;
Enfant, qui le premier sillonnas les guérets ;