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Page:Virgile - Georgiques Delille 1819.djvu/67

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Le globe vers le nord hérissé de frimas
S’élève, et redescend vers les brûlants climats.
Notre pôle des cieux voit la clarté sublime :
Du Tartare profond l’autre touche l’abîme.
Calisto, dont le char craint les flots de Téthys,
Vers les glaces du nord brille auprès de son fils ;
Le dragon les embrasse ainsi qu’un fleuve immense.
Le pôle du midi, noir séjour du silence,
N’offre aux tristes humains qu’une éternelle nuit :
Peut-être en nous quittant Phébus chez eux s’enfuit ;
Et lorsque ses coursiers nous soufflent la lumière,
Pour eux l’obscure nuit commence sa carrière.

Le globe ainsi connu t’annonce les saisons :
Quand il faut ou semer, ou couper les moissons,
Abattre le sapin destiné pour Neptune,
Aux infidèles mers confier sa fortune :
Et ce n’est pas en vain que ces astres brillants
En quatre temps égaux nous partagent les ans.

Plusieurs font à loisir, retenus par l’orage,
Ce qu’il faudrait hâter sous un ciel sans nuage :
Ils aiguisent leur soc, ils comptent leurs boisseaux ;
Creusent une nacelle, ou marquent leurs troupeaux ;
Préparent des liens à leurs vignes naissantes ;
Taillent des pieux aigus, des fourches menaçantes ;
La meule met en poudre ou le feu cuit leurs grains ;
Et le jonc en panier s’arrondit sous leurs mains.

Les fêtes même, il est un travail légitime.
Ne peut-on pas alors, sans scrupule et sans crime,