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Page:Virgile L’Énéide Traduction de Jacques Delille - Tome 1.djvu/107

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L’empire des Albains et la grandeur romaine !
  Muse, raconte-moi ces grands événements ;
Dis pourquoi de Junon les fiers ressentiments,
Poursuivant en tous lieux le malheureux Enée,
Troublèrent si longtemps la haute destinée
D’un prince magnanime, humain, religieux :
Tant de fiel entre-t-il dans les âmes des dieux.
  A l’opposé du Tibre et des champs d’Ausonie,
Des riches Tyriens heureuse colonie,
Carthage élève aux cieux ses superbes remparts,
Séjour de la fortune et le temple des arts.
Aucun lieu pour Junon n’eut jamais tant de charmes,
Samos lui plaisait moins. C’est là qu’étaient ses armes,
C’est là qu’était son char ; là son superbe espoir
Veut voir la terre entière adorer son pouvoir.
Mais un bruit menaçant vient alarmer son âme :
Un jour doit s’élever, des cendres de Pergame,