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Page:Virgile L’Énéide Traduction de Jacques Delille - Tome 1.djvu/113

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Et moi, qui marche égale au souverain des cieux,
Moi, l’épouse, la sœur du plus puissant des dieux,
Armant contre un seul peuple et le ciel et la terre,
Vainement je me lasse à lui livrer la guerre.
Suis-je encore Junon ? et qui d’un vain encens
Fera fumer encor mes autels impuissants ? »
  En prononçant ces mots, la déesse en furie
Vers ces antres, d’Eole orageuse patrie,
Précipite son char. Là, sous de vastes monts,
Le dieu tient enchaînés dans leurs gouffres profond
Les vents tumultueux, les tempêtes bruyantes ;
S’agitant de fureur dans leurs prisons tremblantes,
Ils luttent en grondant, ils s’indignent du frein.
Au haut de son rocher, assis le sceptre en main,
Eole leur commande ; il maîtrise, il tempère
Du peuple impétueux l’indocile colère :
S’ils n’étaient retenus, soudain cieux, terre, mers,
Devant eux rouleraient emportés dans les airs.
Aussi, pour réprimer leur fougue vagabonde,
Jupiter leur creusa cette prison profonde,
Entassa des rochers sur cet affreux séjour,
Et leur donna pour maître un roi qui, tour à tour