Page:Virgile L’Énéide Traduction de Jacques Delille - Tome 1.djvu/115

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Irritant par son ordre, ou calmant leurs haleines,
Sût tantôt resserrer, tantôt lâcher les rênes.


Devant lui la déesse abaissant sa hauteur :
  « Roi des vents, lui dit-elle avec un air flatteur,
Vous à qui mon époux, le souverain du monde,
Permit et d’apaiser et de soulever l’onde !
Un peuple que je hais, et qui, malgré Junon,
Ose aux champs des Latins transporter Ilion,
Avec ses dieux vaincus fend les mers d’Etrurie :
Commandez à vos vents de servir ma furie ;
Dispersez sur les mers ou noyez leurs vaisseaux,
Et de leurs corps épars couvrez au loin les eaux.
Douze jeunes beautés ornent ma cour brillante ;
Déiope, la plus jeune et la plus séduisante,
Unie à vos destins par les nœuds les plus doux,
Acquittera les soins que j’exige de vous ;
Et d’Eole à jamais la compagne fidèle
Un jour lui donnera des enfants dignes d’elle.
  — Reine, répond Eole, ordonnez, j’obéis :
A la table des dieux par vous je suis assis ;
Par vous j’ai la faveur du souverain du monde,
Et je commande en maître aux puissances de l’onde ».
  Il