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Page:Virgile L’Énéide Traduction de Jacques Delille - Tome 1.djvu/127

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Autour règnent des bancs taillés par la nature.
La Naïade se plaît sous cette grotte obscure,
Qui présente à la fois un antre aux matelots,
Une eau pure à la soif, un asile au repos ;
Et, sans qu’un fer mordant par son poids les arrête,
Les vaisseaux protégés y bravent la tempête.
Là volent sur le bord imploré si longtemps
Les Troyens, du naufrage encor tout dégouttants.
La rive les reçoit ; son tutélaire ombrage
Accueille les vaisseaux échappés à l’orage ;
Et le nocher étend, au bord des flots amers,
Ses membres pénétrés du sel piquant des mers.
Entre les mains d’Achate un caillou étincelle ;
Il nourrit d’un bois sec cette flamme nouvelle.
Du fond de leurs vaisseaux ils tirent le froment,
A demi corrompu par l’humide élément.
De Cérès aussitôt le trésor se déploie ;
Le feu sèche leurs grains, et la pierre les broie :