Page:Virgile L’Énéide Traduction de Jacques Delille - Tome 1.djvu/137

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Là lui-même à Padoue, en dépit de Junon,
A son peuple a donné ses armes et son nom ;
Et, confiant sa cendre à sa nouvelle Troie,
Pourra vivre avec gloire, et mourir avec joie.
Et nous, nous, vos enfants, attendus dans les cieux,
Privés de nos vaisseaux par les vents furieux,
Victimes du dépit d’une fière déesse,
Sa main du Latium nous écarte sans cesse !
Grand dieu ! de notre encens est-ce donc là le prix ? »
  A ces mots, souriant à la belle Cypris,
Avec cet air serein qui calme la tempête,
Vers elle doucement il incline la tête,
Sur sa bouche de rose effleure un doux baiser,
Et par ces mots flatteurs se plaît à l’apaiser :
« Non, je ne change point ; mes volontés suprêmes,
Ma fille, en tous les temps demeureront les mêmes.
Vous verrez s’élever ces remparts tant promis ;
Dans le palais des cieux vous verrez votre fils.
Mais, pour mieux vous calmer, je veux de votre Enée,
Suivre dans tout son cours la haute destinée
De ce fils, votre amour, cent combats glorieux
Signaleront bientôt le bras victorieux.