Tel est l’arrêt du sort. Dans le long cours des ans,
Un jour, un jour viendra qu’en tous lieux triomphants,
A la superbe Argos, à la fière Mycènes,
Le sang d’Assaraeus imposera des chaînes ;
Et les fils des vaincus, tout-puissants à leur tour,
Aux enfants des vainqueurs commanderont un jour.
Ce héros qu’aux humains promet la destinée,
Jules, prendra son nom du fils de votre Enée ;
Il domptera la terre ; il s’ouvrira les cieux ;
Et vous-même, à la table où sont assis les dieux,
Le recevrez vainqueur des peuples de l’aurore.
Sous son astre brillant, quels beaux jours vont éclore :
Du métal le plus pur ses jours seront filés.
Je vois la foi, les mœurs, et les arts rappelés ;
De cent verrous d’airain les robustes barrières
Renfermeront de Mars les portes meurtrières ;
La Discorde au-dedans, fille affreuse d’enfer,
Hideuse, y rugira sous cent câbles de fer,
Et, sur l’amas rouillé de lances inhumaines,
De sa bouche sanglante en vain mordra ses chaînes ».
Ainsi dit Jupiter ; mais il craint que Didon,
Ignorant les destins des enfants d’Ilion,
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