Page:Virgile L’Énéide Traduction de Jacques Delille - Tome 1.djvu/143

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Ne leur ferme les murs de sa cité nouvelle :
Il lui députe alors son messager fidèle.
Le dieu, d’un vol léger, fend les vagues des airs,
Et bientôt de l’Afrique il atteint les déserts.
Un facile succès couronne son message :
Il parle, il adoucit la superbe Carthage,
De sa puissante reine apprivoise l’orgueil,
Et les Troyens déjà sont sûrs d’un doux accueil.
Cependant du héros, tandis que tout sommeille,
Mille soins inquiets ont prolongé la veille :
Le jour naissant à peine a blanchi les coteaux,
Il sort, va visiter ces rivages nouveaux.
Sont-ils peuplés d’humains, ou de monstres sauvages ?
A l’abri des rochers, et sous de noirs ombrages,
Il laisse ses vaisseaux, et deux traits à la main,
Suivi du seul Achate, il se fraye un chemin.
Voilà qu’au fond d’un bois se présente sa mère :
Son air, son vêtement, sa démarche légère,
D’une vierge de Sparte offre tous les dehors ;
Ou telle, aux pieds d’Hémus, l’Hèbre voit sur ces bord,
L’Amazone, animant les coursiers qu’elle dresse,
Voler, et de ses flots devancer la vitesse.