Page:Virgile L’Énéide Traduction de Jacques Delille - Tome 1.djvu/145

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Pareil est son habit, pareil est son carquois :
Sa flèche semble attendre un habitant des bois ;
Un souple brodequin compose sa chaussure ;
Au-dessus du genou, les nœuds de sa ceinture
De ses légers habits serrent les plis mouvants,
Et ses cheveux épars flottent au gré des vents.
La première elle approche : « Une de mes compagnes,
Leur dit-elle, avec moi parcourait ces campagnes ;
Je ne vois plus ses pas, je n’entends plus sa voix ;
Sur une peau de lynx elle porte un carquois ;
Peut-être en ce moment, par sa vive poursuite,
D’un sanglier fougueux elle presse la fuite.
Si le hasard l’a fait apparaître à vos yeux,
O jeunes voyageurs ! dites-moi dans quels lieux
Je puis la retrouver ». Enée à la déesse
Répond en peu de mots : « La jeune chasseresse
Que vous nous dépeignez, nous n’avons, dans ces bois,
Ni rencontré ses pas, ni reconnu sa voix.
O vous ! mais de quel nom faut-il qu’on vous appelle ?
Cet air ni cette voix ne sont d’une mortelle.
Oui, cet accent céleste, et cette majesté,
Tout annonce dans vous une divinité,