Page:Virgile L’Énéide Traduction de Jacques Delille - Tome 1.djvu/147

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Une nymphe des bois, ou Diane elle même,
Une sœur de Diane. O déité suprême !
De deux infortunés daignez plaindre le sort !
Un orage cruel nous jeta sur ce bord ;
Ici nous ignorons dans quel climat nous sommes ;
Ici nous ignorons et les lieux et les hommes :
Des honneurs solennels vous paieront vos bienfaits.
 — Ces honneurs, dit Vénus, pour moi ne sont pas faits.
Cet habit, ce carquois, cet arc, cette chaussure,
Sont des filles de Tyr l’ordinaire parure.
De la vaste cité qui frappe vos regards
Les enfants d’Agénor ont bâti les remparts ;
Ces champs sont la Libye ; une race guerrière
Contre ses ennemis en défend la frontière.
La reine de ces lieux est la belle Didon ;
Elle reçut le jour dans la riche Sidon ;
Mais, d’un frère cruel fuyant la barbarie,
Son courage en ces lieux s’est fait une patrie.
L’histoire de ses maux voudrait un long discours,
Je vais, en peu de mots, vous en tracer le cours.
  Par les nœuds de l’hymen, à l’opulent Sichée,
Plus encor par l’amour, Didon fut attachée.