Page:Virgile L’Énéide Traduction de Jacques Delille - Tome 1.djvu/149

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L’hymen l’unit à lui dès ses plus jeunes ans ;
Mais son barbare frère, exemple des tyrans,
Pygmalion, obtint la grandeur souveraine.
Bientôt s’allume entr’eux le flambeau de la haine.
Insatiable d’or, ce monstre furieux,
Sans égard pour sa sœur, sans respect pour les dieux,
Dans le temple en secret immole la victime ;
Et toutefois longtemps il sut cacher son crime,
Et, d’une sœur crédule amusant la douleur,
Longtemps d’un faux espoir il entretint son cœur.
Mais bientôt d’un époux privé de sépulture
Le spectre s’élevant du sein de l’ombre obscure,
Triste, pâle et sanglant, apparut à ses yeux,
Dévoila de sa mort le mystère odieux,
Et cette cour barbare, et l’autel homicide ;
Et, pour l’aider à fuir de ce palais perfide,
De son lâche assassin lui livrant le trésor,
Lui montra sous la terre un immense amas d’or.
Didon, pleine d’effroi, hâte soudain sa fuite :
Ceux qu’une même horreur, ou que la crainte excite,
Attroupés en secret, veulent suivre son sort.
Des vaisseaux étaient prêts à s’éloigner du bord,