Page:Virgile L’Énéide Traduction de Jacques Delille - Tome 1.djvu/153

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Emportant les débris et les dieux des Troyens,
Avec eux je cherchais les bords ausoniens.
Berceau de nos aïeux, ces lieux nous redemandent :
La déesse ma mère, et les dieux, le commandent.
Cependant je parcours, fugitif, inconnu,
Des déserts où mon nom n’est jamais parvenu ;
Et d’une déité la fière jalousie
Ferme à mon infortune et l’Europe et l’Asie ».
Le héros poursuivait ce douloureux discours ;
Mais sa mère attendrie en arrête le cours.
  « Oh ! qui que vous soyez, le ciel vous est propice !
De la belle Didon la bonté protectrice
Accueillera vos dieux, et votre peuple, et vous.
Déjà pour vous le ciel m’annonce un sort plus doux
Et si, par mes parents instruite dès l’enfance,
Des augures du ciel j’ai quelque connaissance,
Votre flotte est sauvée, et vos amis perdus
A vos embrassements seront bientôt rendus.
Voulez-vous en juger par de fidèles signes ?
Voyez voler en troupe et s’applaudir ces cygnes :
Tout à l’heure l’oiseau du puissant Jupiter
D’un vol impétueux les poursuivait dans l’air ;