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Page:Virgile L’Énéide Traduction de Jacques Delille - Tome 1.djvu/157

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Ah ! quand pourra ton fils te presser sur son sein,
Mes yeux fixer tes yeux, ma main serrer ta main ?
N’abuse plus mes sens ; que le fils le plus tendre
Puisse en effet te voir, te parler et t’entendre ! »
Il dit : et vers Carthage il avance à grands pas.
Sa mère cependant ne l’abandonne pas ;
Elle ordonne aussitôt que d’une épaisse nue
Le voile officieux les dérobe à la vue ;
Qu’à l’abri des regards, à l’abri du danger,
Nul ne puisse les voir, ni les interroger.
Sur son char aussitôt la brillante déesse
Revole vers Paphos, lieux charmants où sans cesse
L’encens le plus parfait, les plus nouvelles fleurs
Embaument cent autels de leurs douces odeurs.
  Ils marchent cependant ; déjà leur course agile
Franchit l’étroit sentier qui les mène à la ville ;
L’un et l’autre déjà, d’un pas laborieux,
Gravissaient lentement la hauteur d’où leurs yeux
Embrassent et l’enceinte et les murs de Carthage.
Le héros, étonné, voit cet immense ouvrage ;
Il admire ces tours, ces ports et ces remparts,
Le bruit tumultueux des travaux et des arts,