Page:Virgile L’Énéide Traduction de Jacques Delille - Tome 1.djvu/163

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Ce fier Agamemnon, ce Priam si sensible,
Et ce fils de Pélée, à tous les deux terrible.
Il s’arrête, il s’étonne, et, répandant des pleurs,
« Cher Achate ! quel lieu n’est plein de nos malheurs !
Dit-il. Voilà Priam ! Jusque sur ce rivage,
On plaint donc l’infortune, on chérit le courage !
Cher ami, dans ces lieux j’espère un sort plus doux ;
L’éclat de nos malheurs y parlera pour nous ».
Il dit : et, parcourant les longs malheurs de Troie,
Gémissant de douleur, s’attendrissant de joie,
Sur cette vaine image attache ses regards.
Ici, devant Hector, les Grecs fuyaient épars ;
Là les siens, foudroyés par l’aigrette d’Achille,
Devant son char tonnant s’enfonçaient dans leur ville.
Plus loin des flots de sang coulaient à gros bouillons.
Il reconnaît Rhésus, et ses blancs pavillons ;
Il dormait sous sa tente : amené par un traître,
Diomède l’égorge ; et sous leur nouveau maître,
Volent loin de ces bords ses superbes chevaux,
Avant que du Scamandre ils aient goûté les eaux.
Là fuyait désarmé le malheureux Troïle,
Faible enfant dont le bras ose affronter Achille ;