Page:Virgile L’Énéide Traduction de Jacques Delille - Tome 1.djvu/167

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Tourner, voler, frapper, signaler sa grande âme,
Et montrer un héros sous l’habit d’une femme.
  Fixé sur ces tableaux, qu’il contemple à loisir,
Le héros s’enivrait d’un douloureux plaisir :
Soudain Didon paraît. Appuis de sa couronne,
De ses jeunes guerriers l’élite l’environne ;
La glace dans ses traits est jointe à la fierté.
Telle, dans tout l’éclat de sa divinité,
Quand Diane paraît, quand ses jeunes compagnes,
Les nymphes des forêts, des vallons, des montagnes,
Sur les hauteurs du Cynthe, au bord de l’Eurotas
Bondissant en cadence, accompagnant ses pas ;
A la tête des chœurs, Diane, au milieu d’elles,
Surpasse en majesté toutes ces immortelles :
Jeune, le front paré de son croissant divin,
Un carquois sur l’épaule, et son arc à la main,
Elle marche ; sa grâce en marchant se déploie,
Et le cœur de Latone en palpite de joie.
Telle marche Didon d’un air majestueux,
Et fend des Tyriens les flots respectueux.
Auprès de la déesse, au milieu de son temple,
Où, sous un riche dais, son peuple la contemple,