Page:Virgile L’Énéide Traduction de Jacques Delille - Tome 1.djvu/171

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Didon les fait d’abord admettre en sa présence.
A peine au bruit confus succède le silence,
Celui dont l’âge mûr a mérité leur choix,
Illionée, ainsi fait entendre sa voix :
« Grande reine ! dit-il d’un ton plein de noblesse,
Vous, dont ces murs naissants attestent la sagesse,
Et qui, donnant des mœurs à ce peuple indompté,
Avez au frein des lois asservi sa fierté ;
D’un peuple généreux, que le malheur accable,
Vous voyez devant vous le reste déplorable :
Il vient vous implorer. A peine nos vaisseaux
Echappaient aux fureurs et des vents et des eaux,
Une troupe ennemie, au sortir du naufrage,
A menacé du feu ce qu’épargna l’orage.
O reine ! ouvrez l’oreille à nos cris douloureux ;
Sauvez des innocents, plaignez des malheureux ;
Sachez ce qu’on nous doit en sachant qui nous sommes.
Venons-nous, violant les droits sacrés des hommes,
Porter ici le fer et le feu destructeur ?
Non : tant d’audace, hélas ! ne sied pas au malheur.
Il est un lieu (les Grecs le nomment Hespérie)
Pays riche et peuplé d’une race aguerrie ;
Les fiers Oenotriens l’habitaient autrefois ;