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Page:Virgile L’Énéide Traduction de Jacques Delille - Tome 1.djvu/173

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Italus, après eux, le soumit à ses lois,
Et l’Italie enfin est le nom qui lui reste.
Là s’adressaient nos pas, lorsqu’un astre funeste,
Déchaînant la tempête, et courrouçant les eaux,
Parmi d’affreux rochers a jeté nos vaisseaux,
Et, de nos compagnons échappés au naufrage,
A peine un petit nombre a gagné le rivage.
Mais quel peuple barbare habite ces climats ?
A peine sur le bord nous hasardions nos pas,
Sur nous se précipite une foule barbare ;
D’un coin de terre inculte on est pour nous avare,
Et, le fer à la main, on vient nous arracher
L’asile du naufrage et l’abri d’un rocher.
Ah ! si ce peuple affreux brave les lois humaines,
Il est, il est des dieux qui, par de justes peines,
Récompensent le crime, et vengent le malheur !
Un prince nous restait, fameux par sa valeur,
Fameux par ses vertus ; ce prince était Enée.
S’il vit, si quelque dieu veille à sa destinée,
C’est assez : notre espoir va renaître avec lui.
Et vous, dont nos malheurs sollicitent l’appui,